La Bibliothèque musicale de la Monnaie n'est pas une bibliothèque au sens classique du terme (archives ou service de prêts) mais prend en charge la préparation des performances. Toutes les partitions des opéras, concerts et concertini y sont commandées, préparées et annotées. Un travail en amont, invisible mais essentiel !
Les partitions sont d’abord commandées chez un éditeurEditeur - Il s’occupe de la production, de l’exploitation et de la distribution de partitions. Il gère également les activités d’exploitations des droits de propriété intellectuelle (copyright) des compositions. Louer une partition chez un éditeur, c’est s’assurer d’avoir une partition au plus près du texte original, sans erreurs, avec une lisibilité optimale. Une partition peut évoluer en fonctions des interprétations et de nouvelles découvertes, c’est pourquoi certaines d’entre-elles sont (même pour les opéras les plus connus de Verdi ou Mozart) régulièrement rééditées. . Toutes les éditions ne se valent pas, le choix se fait en concertation avec l’assistant du chef d’orchestre. Les partitions sont le plus souvent louées.
Une fois les partitions arrivées à la Monnaie, un travail minutieux de préparation commence.
Le but ? Faciliter et minimiser un maximum le travail des musiciens
P.G., assistante à la Bibliothèque musicale
Ce sont le KonzertmeisterKonzertmeister - Premier des premiers violons, ce musicien est chargé de jouer les solos. Il est aussi le représentant de l’orchestre et responsable de la communication avec le chef. et les chefs de pupitres qui décident des coups d’archetCoups d’archet - Ils indiquent, pour les instruments à cordes, la manière de mouvoir l’archet sur la corde. Des symboles indiquent au musicien s’il faut « pousser » ou « tirer ». La position de l’archet et la durée du coup d’archet sont aussi indiquées. , annotent la partition puis la renvoie à la Bibliothèque afin qu’ils soient recopiés sur toutes les partitions des cordes.
Les bibliothécaires indiquent au crayon non seulement les coups d'archets mais également les notes transmises par le chef d’orchestre, les coupures éventuelles. Ils découpent la partition pour faciliter les sauts de pages.
Les bibliothécaires assistent aux premières lectures de l’orchestre.
« Lorsqu’on entend une tourne de page silencieuse, on est contents » P.M., stagiaire à la Bibliothèque musicale
Il arrive souvent que des changements (concernant les nuancesNuances - Intensité d’une note ou phrase musicale (de piano - doux à forte - fort, et leurs déclinaisons mezzo piano, fortissimo, etc.). par exemple) soient décidés en répétition, particulièrement lors du passage de la salle de répétition Fiocco à la Fosse d’orchestre.
Comme la Monnaie programme beaucoup de nouvelles productions ou d'œuvres plus rares, et met en avant un répertoire innovant, le travail est souvent intense et varié.
Certaines partitions de compositeurs vivants qui ont fait la création de leurs opéras à la Monnaie, comme le compositeur belge Philippe Boesmans, sont conservées à la Bibliothèque musicale.
Le crayon et les gommes sont les outils principaux des bibliothécaires (pour effacer les remarques d’un autre orchestre par exemple). Il n’est pas rare qu’ils utilisent jusqu’à une gomme par jour ! Le métier est aujourd’hui en transition et, de plus en plus souvent les pdfs remplacent les formats papier.
Pour Les Huguenots (2022), le chef d’orchestre Evelino Pidò a transmis à la Bibliothèque des remarques très précises sur les nuances et les coups d’archets. Un travail colossal à recopier depuis le conducteurConducteur - Partition du chef d’orchestre où sont détaillées l’ensemble des parties instrumentales. , de plus d’un millier de pages soit environ 5 kg de partitions !
Même si la plupart des partitions ne sont pas conservées ici mais renvoyées à l’éditeur une fois la production terminée, les aspects d'archive et de mémoire sont tout de même importants. On retrouve des traces de performances passées, comme avec cette partition de bandaBanda - Ensemble musical jouant sur scène (ou dans les coulisses) une musique entendue par les personnages sur scène. datant de 1897.